O jornal francês Le Monde publicou, no dia 10 de janeiro de 2018, o manifesto de um coletivo de 100 mulheres francesas, entre as quais Catherine Millet, Joëlle Losfeld, Ingrid Caven e Catherine Deneuve.
Frases descontextualizadas e traduções tendenciosas provocaram exatamente o efeito que o texto original denuncia, a saber, existe atualmente uma tendência de certos setores a impor sua agenda e quem discordar de seus pontos de vista é imediatamente rotulado disso ou daquilo.
Noto que essa radicalização existe "à direita e à esquerda", uns acusando os outros das mesmas coisas. Há uma falsa polarização que apaga qualquer nuance existente entre uma posição e outra. "Quem não está comigo está contra mim" parece ter se generalizado como uma máxima para parcelas significativas da opinião pública.
Publico aqui o manifesto em francês para que a ideia original seja preservada, ainda que muitas pessoas não possam compreendê-lo e agradeço ao colega Luciano Loprete que possibilitou meu acesso a ele.
Considero importante destacar que, para as autoras desse manifesto, o feminismo exacerbado está produzindo um efeito contrário ao que pretendia, uma vez que as denúncias de abusos sexuais cometidos há tempos se, inicialmente, foram de extrema importância, acabaram por desencadear uma "caça às bruxas" desenfreada que atribui a uma "cantada" dada anos atrás o caráter de abuso sexual em seu atual conceito.
"...aquelas que se recusam a curvar-se diante de tais injunções são acusadas de traidoras, de cúmplices". Para mim, esse é o ponto.
Que o debate continue!
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Pelo direito à existência de diferentes olhares. |
Frases descontextualizadas e traduções tendenciosas provocaram exatamente o efeito que o texto original denuncia, a saber, existe atualmente uma tendência de certos setores a impor sua agenda e quem discordar de seus pontos de vista é imediatamente rotulado disso ou daquilo.
Noto que essa radicalização existe "à direita e à esquerda", uns acusando os outros das mesmas coisas. Há uma falsa polarização que apaga qualquer nuance existente entre uma posição e outra. "Quem não está comigo está contra mim" parece ter se generalizado como uma máxima para parcelas significativas da opinião pública.
Publico aqui o manifesto em francês para que a ideia original seja preservada, ainda que muitas pessoas não possam compreendê-lo e agradeço ao colega Luciano Loprete que possibilitou meu acesso a ele.
Considero importante destacar que, para as autoras desse manifesto, o feminismo exacerbado está produzindo um efeito contrário ao que pretendia, uma vez que as denúncias de abusos sexuais cometidos há tempos se, inicialmente, foram de extrema importância, acabaram por desencadear uma "caça às bruxas" desenfreada que atribui a uma "cantada" dada anos atrás o caráter de abuso sexual em seu atual conceito.
"...aquelas que se recusam a curvar-se diante de tais injunções são acusadas de traidoras, de cúmplices". Para mim, esse é o ponto.
Que o debate continue!
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Le viol est un
crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la
galanterie une agression machiste.
À la suite de l’affaire Weinstein, a eu lieu
une légitime prise de conscience des violences sexuelles exercées sur les
femmes, notamment dans le cadre professionnel où certains hommes abusent de
leur pouvoir. Elle était nécessaire. Mais cette libération de la parole se
retourne aujourd'hui en son contraire : on nous intime de parler comme il faut,
de taire ce qui fâche et celles qui refusent de se plier à de telles
injonctions sont regardées comme des traîtresses, des complices ! Or c'est là
le propre du puritanisme que d’emprunter, au nom d’un prétendu bien général,
les arguments de la protection des femmes et de leur émancipation pour mieux
les enchaîner à un statut d'éternelles victimes, de pauvres petites choses sous
l'emprise de phallocrates démons, comme au bon vieux temps de la sorcellerie.
De fait, #metoo a entraîné dans la presse et sur les réseaux sociaux une
campagne de délation et de mise en accusation publique d’individus qui, sans
qu’on leur laisse la possibilité ni de répondre ni de se défendre, ont été mis
exactement sur le même plan que des agresseurs sexuels. Cette justice
expéditive a déjà ses victimes, des hommes sanctionnés dans l’exercice de leur
métier, contraints à la démission, etc., alors qu’ils n’ont eu pour seul tort
que d’avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses «
intimes » lors d'un dîner professionnel ou d’avoir envoyé des messages à connotation
sexuelle à une femme chez qui l'attirance n'était pas réciproque.
Cette fièvre
à envoyer les « porcs » à l’abattoir, loin d’aider les femmes à s’autonomiser,
sert en réalité les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle, des
extrémistes religieux, des pires réactionnaires et de ceux qui estiment, au nom
d’une conception substantielle du bien et de la morale victorienne qui va avec,
que les femmes sont des êtres « à part », des enfants à visage d'adulte,
réclamant d’être protégées. En face, les hommes sont sommés de battre leur
coulpe et de dénicher, au fin fond de leur conscience rétrospective, un «
comportement déplacé » qu’ils auraient pu avoir voici dix, vingt, ou trente
ans, et dont ils devraient se repentir. La confession publique, l’incursion de
procureurs autoproclamés dans la sphère privée, voilà qui installe comme un
climat de société totalitaire.
La vague purificatoire ne semble connaître
aucune limite. Là, on censure un nu d’Egon Schiele sur une affiche ; ici, on
appelle au retrait d’un tableau de Balthus d’un musée au motif qu’il serait une
apologie de la pédophilie ; dans la confusion de l’homme et de l’œuvre, on
demande l’interdiction de la rétrospective Roman Polanski à la Cinémathèque et
on obtient le report de celle consacrée à Jean-Claude Brisseau. Une
universitaire juge le film Blow Up de Michelangelo Antonioni « misogyne » et «
inacceptable ». À la lumière de ce révisionnisme, John Ford (La Prisonnière du
désert), et même Nicolas Poussin (L’Enlèvement des Sabines) n’en mènent pas
large. Déjà, des éditeurs demandent à certaines d’entre nous de rendre nos
personnages masculins moins « sexistes », de parler de sexualité et d’amour
avec moins de démesure ou encore de faire en sorte que les « traumatismes subis
par les personnages féminins » soient rendus plus évidents ! Au bord du
ridicule, un projet de loi en Suède veut imposer un consentement explicitement
notifié à tout candidat à un rapport sexuel ! Encore un effort et deux adultes
qui auront envie de coucher ensemble devront au préalable cocher via une «
Appli » de leur téléphone portable un document dans lequel les pratiques qu’ils
acceptent et celles qu’ils refusent seront dûment listées.
Ruwen Ogien
défendait une liberté d'offenser indispensable à la création artistique. De la
même manière, nous défendons une liberté d'importuner, indispensable à la
liberté sexuelle. Nous sommes aujourd’hui suffisamment averties pour admettre
que la pulsion sexuelle est par nature offensive et sauvage, mais nous sommes
aussi suffisamment clairvoyantes pour ne pas confondre drague maladroite et
agression sexuelle. Surtout, nous sommes conscientes que la personne humaine
n’est pas monolithe : une femme peut, dans la même journée, diriger une équipe
professionnelle et jouir d’être l’objet sexuel d’un homme, sans être une «
salope » ni une vile complice du patriarcat. Elle peut veiller à ce que son
salaire soit égal à celui d’un homme, mais ne pas se sentir traumatisée à
jamais par un frotteur dans le métro, même si cela est considéré comme un
délit. Elle peut même l’envisager comme l’expression d’une grande misère
sexuelle voire comme un non-événement.
En tant que femmes, nous ne nous
reconnaissons pas dans ce féminisme qui, au-delà de la dénonciation des abus de
pouvoir, prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité. Nous
pensons que la liberté de dire non à une proposition sexuelle ne va pas sans la
liberté d’importuner. Et nous considérons qu’il faut savoir répondre à cette
liberté d'importuner autrement qu’en s’enfermant dans le rôle de la proie. Pour
celles d'entre nous qui ont choisi d'avoir des enfants, nous estimons qu’il est
plus judicieux d’élever nos filles de sorte qu’elles soient suffisamment
informées et conscientes pour pouvoir vivre pleinement leur vie sans se laisser
intimider ni culpabiliser. Les accidents qui peuvent toucher le corps d'une
femme n’atteignent pas nécessairement sa dignité et ne doivent pas, si durs
soient-ils parfois, nécessairement faire d’elle une victime perpétuelle. Car
nous ne sommes pas réductibles à notre corps. Notre liberté intérieure est
inviolable.
Et cette liberté que nous chérissons ne va pas sans risques ni sans
responsabilités.
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